Certains romans ne finissent pas là où s’achève leur lecture.
C’est littéralement ce qui arrive à Marge, l’héroïne de ce livre. Qui est Chad, venu d’entre les pages jouer avec les mythes de l’intériorité ? Un personnage, un auteur, son père-amant ? Tout cela peut-être, et aussi « un sujet sans corps dans une époque où tous se veulent déjà des corps sans sujet. »
Si l’ambition de ce roman est clairement philosophique, il se lit d’abord comme une fantaisie : ce n’est pas la première fois que deux esprits habitent le même corps, mais lorsqu’il s’agit un d’un homme mûr et d’une jeune fille, la coexistence se révèle parfois excitante et le voyage mouvementé qui les fera rencontrer la Lolita de Nabokov et le Gatsby de Fitzgerald.
Et si la schizophrénie qui s’introduit ici entre le nouveau monde et l’ancien valait maintenant pour nous tous ?
Singulière histoire d’amour que cette idylle qui réhabilite la lenteur et la délectation littéraire, et pour laquelle l’auteur a fait, contre le nihilisme ambiant, le choix d’une ironie joyeuse, du jeu avec le lecteur et l’érotisation de la langue.
Le monde entier est ma cachette. La Table Ronde, 2006.